Que dire de plus

par | 18 03 2024 | Voyage

lundi
Arcadia, Florida
801 KM

Ça fa que…

On s’est tanné, on a pris une chance pis on s’est planté.

Ça commence quand on décide qu’on est tanné d’attendre après Bubba et qu’on se dit que ça sera plus facile et agréable de gérer le tout en étant basé en quelque part de fixe pour quelques jours tout en visitant nos amis à Arcadia. De toute façon, il démarre et il freine toujours.

On fait des recherches, on trouve un atelier mobile qui accepte de venir faire les freins sur place. Le sur place, c’est leur spécialité. En regardant les photos sur Facebook, c’est le genre de gars qui aime le trouble. Il répare tout sur place, dans des conditions de mitte et pas que des petites réparations, sur tous les types de véhicules, genre un tracteur, un loader dans une pile de vidanges, une génératrice industrielle, une mazda 3, une fusée et un sous-marin. Il ressoude des frames, il refait des freins, il reconstruit des transmissions. Bref, c’est pas un autobus scolaire qui va lui faire peur. Donc tout va bien.

Le problème, c’est qu’on s’est pas rendu. Après avoir roulé 5-6 heures, un arrêt dodo dans le stationnement d’un Bass Pro Shop s’imposait. Le lendemain, de bonheur sur le piton, prêt à compléter le trajet, je pars le truck et là, au bout de quelques centaines de pieds, il s’arrête tout seul. Caput, il refuse de redémarrer. J’essaie le truc de la priming pump mais ça ne coule même plus en dessous, ce n’est pas bon signe. Je recommence, enfin une flaque, je tourne la clé, vroum il démarre. On décide qu’on reprend la route et qu’on éteindra le moteur rendu chez Alain et Josée. Malheureusement, j’ai à peine le temps de libérer le passage et de me garer tout croche plus loins dans la stationnement.

Cette fois, c’est la bonne. La fuite nous a lâché avant les freins, tant pis pour nous, insouciants que nous sommes. Préférant nous vautrer dans la boue malsaine de la luxure et du péché, nous voilà bien punis. La chasse au garage recommence.

Après plusieurs refus, je trouve un gars qui va venir le voir, à grand coup de frais d’appel de service mobile.

Huit heures plus tard, il arrive. Au moins, il est sympathique, compétent et équipé. Il teste le tout, branche son ordi et fait une flaque géante de diésel dans le beau stationnement propre. Son verdict, le même que Bubba mais au moins, bien expliqué, diagnostiqué, et pression de la pompe vérifiée. C’est décidemment les deux lignes à gaz qui fuient. Tellement que si ça touchait au silencieux, le tout aurait pu s’embraser allègrement. C’est bon à savoir.

Il me recommande une compagnie de remorquage pour le transporter à son garage, dans sa cour cloturée. Disons qu’on est mieux de coucher une nuit de plus chez Bass Pro Shop qu’embarrés dans une cour de garage. Avec la bénédiction du gérant en plus.

Heureusement, il y a aussi un Miller House of Ales à distance de marche. Ça aidera à faire passer le temps.

Pendant que j’attendais huit heures dans le bus, MC tentait de nous louer une voiture. C’est le spring break, y a rien de facile. Trouver une succursale ouverte et avec de la disponibilité, un défi.

Deux Uber et plusieurs heures plus tard, la revoici de retour de l’aéroport au volant d’une Mazda 3.

Le lendemain,  c’est l’heure du remorquage. Le gars arrive, c’est le rock start du towing! Boucles d’oreilles, lunettes fumées, bien peigné, sens bon, sympathique et poli, il vient nous sauver. Quelques petites farces et hop, au boulot, Un petit Hi Darling! à Marie-Claude en passant, il se couche en-dessous pour enlever le drive shaft, sans sacrer, jigaloo d’une main, ratchet de l’autre, il se rit de la rouille canadienne. Il ressort avec le sourire. I’ve been doing this for 30 years, y a remorqué des plus gros et des plusses pires.

You take good care of her que je lui dit. Il sourit et je sens qu’il la protégera jusqu’au bout, qu’il la déposera délicatement dans la cour, qu’il lui remettra le drive shaft avec douceur.

Et là? On se loue un air bnb, un hôtel, on couche au garage? Ça sonne, c’est Alain. Venez-vous en suggère-t-il. C’est juste à trois heures de route et de toute façon, Andrew m’a dit qu’il s’en occupait et que je n’avais pas à passer au garage en personne avant qu’il soit réparé.

Let’s go. Un petit détour à l’aéroport pour régler la location et on file sur l’autoroute à 85 miles à l’heure, enfin un peu de vitesse.

Et c’est à Arcadia, sous le gazébo que j’écris ces lignes en suivant la saga du gars qui cherche les pièces. Au moins, je suis au courant de la situation, il nous tient bien informés.

La morale de l’histoire c’est que tout ça fait partie de l’aventure. C’est la seule façon de voir ça sinon, c’est la catastrophe. Mais vu de même, y a pas de trouble, c’est juste un chapitre de plus dans le grand livre de nos vies. Quel pouètte je suis!