En deux temps

par | 25 03 2024 | Voyage

À mmmmen donné
Gainesville
346 KM

Dans un premier temps, règlons le cas de la mécanique. Les dernières nouvelles sont les suivantes : Ils ont du changer deux calipers. Ils les ont commandé, ce sont des calipers reconstruits car ils ne trouvent pas les pièces neuves. Évidemment, un des deux ne fonctionnait pas bien. Donc ils ne pouvaient pas finir vendredi. Par contre, les lignes sont faites. Le caliper était supposé être prêt samedi. Donc si tout va bien, ils le finissent lundi avant midi. La vie étant ce qu’elle est, buvons.

Ce qui m’amène à la deuxième partie. On ne pouvait plus rallonger les journées de location d’auto, qui coûtaient une fortune de toute façon, Monsieur Avis ne voulait plus. Donc retour obligé à Gainesville avant que le bus soit prêt.

On a quitté rapidement Arcadia le matin car on devait être à l’aéroport de Gainesville avant 1h40. Nous sommes arrivés avec une confortable avance de 8 minutes, à 13:32 très exactement. Un accident sur la 75 nous a ralenti donc on a dû se rendre diretement à l’aéroport avec notre tonne de bagages.

Ensuite, en Uber jusqu’au air bnb, le moins cher et le plus proche du garage à pied possible. Ça sera à 1 heure et quatre minutes à pied. Le premier Uber s’est enfui après avoir jeté un coup d’oeil au tas de bagage. Une glacière, un bac bleu de Maxi plein de bouffe, une grosse boîte de plastique grise et pleine, une valise, trois sacs à dos, une planche de surf, un sac d’ordi, une chaise pliante, une quantité impressionnante de sacs d’épicerie et plein d’affaires lousses comme une extension, une batterie bref, pas trop tentant. Il n’a même pas voulu ouvrir la fenêtre pour parler à Marie-Claude. Il s’est sauvé. Le prochain est arrivé en pickup, tout allait bien.

Après avoir déposé nos  bagages dans ce charmant mini appartement de la maison rose où habite une petite famille souriante, nous sommes partis explorer le quartier. Super sympathique quartier résidentiel à la végétation luxuriante, pas trop beau, pas trop riche, comme si du vrai monde l’habitait. Et à environ 20-30 minutes de marche de historical district. C’est un peu comme le Mile End de Gainesville. Des petites boutiques cool, des cafés, restos et bars, des magasins d’un autre époque qui ont survécu. Comme le magasin de trophée, trop grand, avec les côtés stylisés  et ornés d’étoiles, le tout en bleu blanc rouge, on dirait le magasin d’Evel Knivel.

De l’autre côté de la rue, un magasin d’aspirateur, version américaine d’Elvis Ameublement. Situé sur un coin de rue, il a lui aussi des étoiles mais aussi deux vieilles Cadillac presque incrustées dans l’asphalte en guise de décoration. Une rouge, une bleu. 

Puis dans la vitrine, d’un côté un mannequin de King Kong tenant une moppe, avec une moppe sur la tête comme perruque. Une autre partie de la vitrine est divisée en deux. D’un coté, un tas d’aspirateurs empilés, toutes marques confondues avec la mention « Frustration ». L’autre avec un aspirateur Miele et la mention « Satisfaction ». Vous comprendrez qu’il est dépositaire Miele. J’imagine que le feeling d’acheter un aspirateur dans ce magasin doit ressembler au feeling d’aller se faire avoir dans un dealer d’auto usagées en 1972.

Ensuite, oh joie, un marché asiatique. Cubes pour Pho, gallons de sriracha, tête de poissons dans la glace, un million de sorte de ramen et…du saké!

Le département poissonnerie est impressionnt. Dans un bac, des grosses têtes de snappers dans la glace, prêtes à nous attaquer, mais trop tard, ils sont morts et gelés. Un autre bac avec différent poissons difficilement identifiables, toujours dans la glace. Un autre avec des méga-grosses crevettes complètes. Jean-Marc se serait cru au paradis.

Donc on entre dans le but de s’acheter juste deux ou trois petites choses. On est ressorti avec nos sacs à dos pleins. Ramen (parfait pour les air bnb sans cuisines), cuillères à soupe oubliées à La Minerve, lichis en canne, truc bizarres coréen que je ferai cuire un soir et une bouteille de saké. La vie est belle.

En sortant, prochaine destination, Cypress and Grove Brewery. Le hasard fait bien les choses. Super chouette endroit. Grands espaces ouverts, un bar géant, des tables de pool, de mississippi, de baby foot, un événement corporatif de produits pour la face a lieu dans une autre grande salle. Pour les besoin de la cause, trois Beetles stationnées devant la porte, carrosseries remplies de bulles, comme si elles sortaient d’un bac à vaisselle. Les voitures émettent aussi des bulles par le silencieux. Du gros marketing.

Dans la cour, près des voitures, un petit kiosque de bouffe. Ceviche, tacos. Produits frais, excellente nourriture qu’on peut manger où on veut; au bar, en haut, là-bas, ailleurs, n’importe où. On dirait qu’on a concocté la playlist nous-mêmes. Pixies, Breeders, grunge, Dépêche mode et autre succès des années 80, toujours du côté alterno et indie. C’est confortable. Je me dis que les barmans doivent être des musiciens. T-shirt par dessus un chandail à manche longue, un peu de blanc dans la barbe, il y a de la parenté dans l’air.  Effectivement, deux sur trois sont musiciens. L’autre est juste un trippeux de musique. Il dit qu’il a une bonne oreille.

Et comme c’est une brasserie, la bière est excellente. Tu donne ta carte au début et ensuite, reste juste à en commander une autre. Grande variété d’IPA, le paradis.

C’est pas tout mais faut s’en retrouner à pied. Quelques dizaines de pas plus tard, qu’est-ce qu’on entend? Un crisse de tone de guitare de la mort. C’est le sound check d’un band qui va faire un show dans 5 minutes dans un petit skate park lui-même dans le stationnement d’un skate shop. Le stage monté entre la demi-lune et les autres rampes, Marshall, Orange  et 5150 sont au rendez-vous, ça sonne le rock.

On s’approche, curieux. Un charmant jeune homme vient nous dire que c’est $10 pour les bands. Il y en aura deux. Un bon investissement pour la relève. Ok, go. On se hisse au top du halfpipe, il y a un banc, on voit bien. Ça part. C’est bon. Cru et juvénile, la voix pas assez forte, un mélange de post-grunge, sludge, shoegaze, stoner, trop cool. Et j’ai une bouteille de saké dans le sac. Manque juste Franck et le décor est parfait.

Disons qu’y a pas grand monde de notre âge ici. On a l’air des parents d’un des gars du band. On finit par s’en retourner, en marchant un peu en zig zag. On passe devant un gros party privé de maison, y a de l’action. D’autres magasins et restos qui semblent mérités une visite ultérieure, décidément une place cool. Et c’est juste une autre parmi les millions qui restent à découvrir. Manque juste l’autobus. Coucher dans le stationnement du skate park aurait pu être toute une expérience.

Mais c’est justement parce qu’il a brisé qu’on s’est retrouvé là donc encore une fois, comme le disais Yogi Berra, quand tu vois une brasserie, vas-y.